Ouverture FIC2017: « Fen Tounes », elle a 60 ans…et on l’aime toujours

L’emblématique scène de l’amphithéâtre romain de Carthage, a brillé de mille feux, jeudi soir, au rythme de l’ouverture de la 53ème édition du Festival international de Carthage (FIC) avec un hymne bien particulier rendu cette année à la chanson tunisienne qui souffle sa 60ème bougie.

Baptisée « Fen Tounes », la soirée ouverte au son de l’hymne national et rehaussée de la présence du ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, fut un voyage à remonter le temps à la redécouverte des principaux artistes et des meilleures œuvres qui ont fait la gloire de la chanson tunisienne et forgé son caractère musical.

Ce sont de longues pages d’histoire musicale tunisienne pleines de nostalgie, de passion, de touches, de tumultes, de haltes et de rêves, qui ont été réécrites par l’Orchestre et la chorale philarmonique de Tunis sous la houlette de Chedi Garfi accompagné de Hichem Ben Amor dans la coordination musicale, qui ont transposé l’ambiance d’antan avec gout, raffinement et innovation.

D’après une mise en scène de Hatem Derbal, la scène du théâtre antique de Carthage mis en lumière par Saber Atrous, a vu défiler une pléiade de chanteurs tunisiens à l’instar de Kacem Kefi, Soulef, Noureddine Beji, Mohamed Jbeli, Adnene Chaouachi, Rchid Mejri, Asma Ben Ahmed, Mongia Sfaxi et Nour Kmar, qui ont emporté le public dans un voyage musical à consonances multiples allant à la redécouverte des tubes qui ont enflammé de nombreux publics au cours des décennies, sans prendre une ride.

« 60 ans de musique tunisienne » fut un hommage nostalgique mais revisité et remis au goût du jour du répertoire des monstres sacrés de la musique tunisienne en l’occurrence Mohamed Triki, Chedli Anouar, Ridha Kalai, Mohamed Ridha, Ali Chalguam, Sadok Thraya, Salah el Mehdi et Kaddour Srafi. Des icônes dont l’empreinte et les traces ont formé le socle de la chanson moderne tunisienne et ont alimenté, en notes et tempos, notre patrimoine musical. Dans ce spectacle qui a donné furieusement envie de profiter du passé glorieux de la chanson tunisienne, le tout s’enchaîne à un rythme soutenu, pendant près de deux heures, portant les spectateurs à danser et à chanter sur les rythmes entraînants des compositions les plus frivoles mais ponctuées aussi de soupirs.

Dès le départ, le spectateur est plongé dans le Tunis musical des années 1960 avec des chansons composées et portées par des noms connus, qui ont émaillé la scène musicale tunisienne. A travers une ballade musicale teintée de nouveaux arrangements, le public a savouré les nouvelles phrases musicales des tubes toujours à la mode à l’instar de « Ki ydhik bik eddahr ya mezyana », « Mahboubi el ghali », « Mahabbitech w omri ma nheb » ou encore « Yamma qalbi ytir wijanneh », en reprenant, dans la liesse, en chœur les refrains.

Avec une dextérité musicale extrême, Chadi Garfi a su allier savamment authenticité et modernité. Le spectacle fut non seulement une occasion pour passer en revue l’ancien répertoire de la musique tunisienne mais aussi un vibrant hommage aux artistes, aux chanteurs, aux compositeurs et aux paroliers qui ont marqué cette époque à l’instar d’Ali Riahi, Hedi Jouini, Mohamed Jamoussi, Saliha, Oulaya, Mustapha Fersi, Ahmed Hamza, Ismail Hattab… Sans oublier le clin d’œil donné aussi à la musique janissaire à travers un morceau « Sayr el watan » (la marche de la patrie) de Chedli Mefteh, dédié aux adeptes de ce genre musical ainsi qu’à la danse populaire tunisienne. Les tableaux chorégraphiques de Hamadi Laghbabi, ont été restitués par une interprétation du danseur et chorégraphe Rochdi Belgasmi.

Avec « Fen Tounes , le public a eu droit hier à quelque chose de rare et de précieux. Cela dit, les avis ont divergé. Dans leurs témoignages livrés à chaud à l’agence TAP, certains spectateurs ont estimé que les arrangements apportés aux chansons originales ont altéré les œuvres originales en faisant perdre le style et le charme de cette époque, alors que d’autres ont trouvé que cette nouvelle lecture est une tentative audacieuse pour faire résonner toujours et encore le répertoire musical authentique tunisien, « qu’on aime toujours », précise un spectateur.

« Fen tounes » fut malgré tout un hommage aux pionniers qui ont lancé les premières envolées musicales et bercé artistiquement plusieurs générations tunisiennes en déployant à cor et à cri, pendant soixante années, les sirènes de la chanson et de la création musicale. Et, où qu’elle soit, comment elle se présente et s’interprète, la musique, comme on dit « c’est toujours un peu comme une déclaration d’amour, à la fois éternelle et éphémère ».

Tunipages avec TAP

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