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“Arboun” de Haythem Hadhiri : la touche d’un Baryton en Quintet

Forte, singulière et agréable à la fois, la voix de Haythem Hadhiri apporte une tonalité unique à des oeuvres cultes du patrimoine musical tunisien et oriental datant du siècle dernier en reprenant les belles mélodies d’amour avec une touche d’un Baryton et acteur maîtrisant bien la scène tel qu’on l’a vu récemment au spectacle inaugural de la Cité de la Culture de Tunis dans l’une des prestations les plus appréciées.

Accompagné d’un quintet,- piano, violon, oud, basse et percussion-, ce chanteur habitué à jongler entre sonorités orientales et occidentales d’opéra, a donné une nouvelle âme au chant tunisien d’antan et à des chefs-d’oeuvre du répertoire arabe, dans la première de son spectacle « Arboun », présenté jeudi soir au Théâtre municipal de Tunis, dans le cadre de la 36ème édition du Festival de la médina de Tunis.

Ce projet réalisé sous la direction de Fadhel Jaziri offre une pure fusion de styles musicaux assez distingués dont les artistes ont agréablement réussi à rapprocher, tant au niveau de l’interprétation qu’à celui de la mise en scène, habillés de beaux costumes tunisiens inspirés de l’époque. Le tout a été présenté dans une mise en scène qui reprend l’ambiance d’antan entre chanteurs et musiciens qui jouaient généralement dans les fêtes de mariage. Pour Haythem Hadhiri, le choix de l’appellation «Arboun» cherche à donner «une certaine noblesse à la pratique artistique, traduisant une relation de confiance entre artistes et public». Il parle d’un travail de recherche, de près de trois mois, sur la musique, les paroles et l’interprétation du spectacle dans lequel été adoptée une mise en scène théâtrale. L’écriture musicale et scénique est l’oeuvre de tous les musiciens du Quintet dont chacun a apporté sa touche selon l’instrument sur lequel il joue.

Depuis ses débuts avec Fadhel Jaziri en 2010 avec qui il a joué plusieurs fois dans le spectacle à succès “El Hadhra”, Haythem Hadhiri avait gardé un lien avec son tuteur qui l’avait invité à jouer dans la pièce de théâtre “Saheb el Himar” et deux films pour le cinéma. Entre temps, l’artiste avait aussi varié ses expériences en continuant d’évoluer dans une carrière à l’international au sein de plusieurs orchestres de musique symphonique européens. Une expérience artistique qui lui a permis d’acquérir cette dimension d’un artiste novateur, dont le talent mérite d’être reconnu.

Ses créations proposent une lecture, comme il l’a bien souligné, «pas assez choquante dans l’interprétation et assez fluide», offrant une valse entre notes d’oeuvres classiques d’opéra et celles orientales. De Beethoven à Ali Riahi ou à Fayrouz, de Rossini à Hédi Jouini ou encore de Shubert à Ali Riahi et du Tango à Abdelwaheb, les sonorités revisitées sont envoûtantes.

En tant que directeur artistique, metteur en scène et producteur de « Arboun », Fadhel Jaziri a tenu à préciser que “Arboun” se poursuivra. «On devra poursuivre, dit-il, tout en optant pour les mêmes méthodes de travail, une fois cette création trouve écho chez les gens, le projet évoluera… ».

Jaziri n’a pas caché sa satisfaction d’avoir offert aux mélomanes «un spectacle distingué marqué par une note d’humour». Une distinction qui revient surtout à Haythem Hadhiri, ce «chanteur assez distingué et tous les membres du Quintet, une jeune formation assez solide et unie».

Haythem demeure «peu connu, raison pour laquelle, Jaziri dit lui avoir demandé de présenter un projet dont l’idée remonte à près de 5 mois avec un focus sur cette portée universelle que pourrait présenter le patrimoine musical tunisien». Fadhel Jaziri a veillé à «la conception générale du projet, au niveau choix des chansons et la manière de les présenter, en évitant de tomber dans la redondance… ».

Il a mentionné aussi cette interaction avec le public qui «permet de mieux cerner les atouts et lacunes du projet, dans l’espoir de toujours atteindre le niveau requis». Fadhel Jaziri croit en cette dose de «motivation et d’excitation que procure le public créant une belle étincelle sur la planche».

Autour du choix de se produire au Festival de la médina de Tunis, Fadhel Jaziri estime avoir «une dette envers le festival de la médina, sans lequel “El Hadhra » n’aurait jamais eu la chance d’exister”. Cette relation avec le festival s’est toujours poursuivie, statuant qu’à chaque fois on lui demande d’en faire partie il a toujours répondu présent, ce qui est le cas cette année avec trois projets retenus.

Jaziri qui demeure dans l’esprit de valorisation du patrimoine musical estime que par rapport à « El-Hadhra », « Arboun» est largement différent au niveau des sonorités et du choix des chansons, mais l’idée va en parallèle avec cette notion d’amour traduite dans le nom du spectacle qui offre toute la romance d’oeuvres musicales gravée dans la mémoire collective».

La poésie du verbe domine ce projet de 22 œuvres pour lequel Jaziri avait à priori sélectionné une cinquantaine d’œuvres, dans l’espoir d’intégrer d’autres chansons dans les futures prochaines présentations, déjà en stade de négociations.

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